Lettre ouverte au Premier Ministre : « Les enfants ont droit aux vacances »

Monsieur le Premier ministre,

Les colonies de vacances sont un tiers temps éducatif essentiel pour la construction de l’enfant, son bien-être, sa capacité à devenir demain un citoyen responsable. 

Depuis cet hiver les accueils collectifs de mineurs avec hébergement sont interdits sur notre territoire et bien évidemment à l’étranger. 

De nombreux acteurs reconnus des colonies de vacances souhaitent par ce courrier vous interpeller sur les conséquences importantes liées à cette interdiction.

Dans notre pays, 1 enfant sur 3 ne partait pas en vacances avant la crise. Et cela risque de s’aggraver. En effet, la situation économique des français s’est dégradée en raison de l’absence de maintien de l’intégralité des salaires dans le cadre du chômage partiel, des millions d’entre nous sont plongés dans la pauvreté par la perte de leur emploi, par la fermeture de secteurs entiers comme celui de la culture, de la restauration, du tourisme… qui ont conduit des centaines de milliers de saisonniers à ne pas trouver d’emplois. Lorsque le pouvoir d’achat baisse, les vacances sont souvent l’une des premières dépenses à laquelle les familles renoncent, ne réalisant que trop peu les apports multiples et essentiels des vacances sur l’individu, sur la famille…

Les enfants et les adolescents sont les victimes collatérales de cette situation et subissent de plein fouet de nombreuses modifications dans leur vie quotidienne : absence de relations intergénérationnelles, vie sociale limitée à l’école, arrêt de la plupart des activités sportives et culturelles tout au long de l’année, parents stressés et inquiets, nouveaux confinements pour certains… ces nouvelles conditions de vie sont très violentes et pèsent fort sur eux.

Pourtant l’Article 31 de la Convention des Droits de l’Enfants prévoit que :
1. Les Etats parties reconnaissent à l’enfant le droit au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge et de participer librement à la vie culturelle et artistique.
2. Les Etats parties respectent et favorisent le droit de l’enfant de participer pleinement à la vie culturelle et artistique et encouragent l’organisation à son intention de moyens appropriés de loisirs et d’activités récréatives, artistiques et culturelles, dans des conditions d’égalité.

Si nous sommes conscients de la situation sanitaire, nous devons nous projeter sur l’été prochain et leur prévoir d’ores et déjà des séjours de vacances. Soyez certain que l’éducation populaire, et les vacances collectives en particulier, sont indispensables au bien-être des enfants. La réouverture de nos structures est également essentielle pour le personnel saisonnier qui se trouve dans une situation de précarité extrême. Le secteur de l’animation, important pour l’émancipation de nos enfants est touché de plein fouet. Rappelons que ceux qui passent leur BAFA et encadrent des colonies de vacances, ce sont des jeunes, des étudiants. Ces derniers subissent une double peine, ils sont frappés de plein fouet par la situation sanitaire, synonyme d’isolement, de détresse psychologique, mais aussi précarisés par la perte de revenus liée à ces activités.

L’année 2020 a été très compliquée pour tous les organisateurs de séjours de vacances : autorisation d’ouvrir très tardive, protocole sanitaire complexe à mettre en œuvre et entrainant des surcouts importants, adaptation de la programmation, recrutement dans l’urgence, remplissage en baisse … Certains d’entre nous ont fait le choix de ne pas ouvrir, mais la plupart ont voulu se battre pour organiser des séjours à tout prix, parce que ce n’est pas qu’un métier, c’est un engagement. Force est de constater que nos colos ont été une fois de plus d’une grande qualité, et que les enfants accueillis ont pu y vivre des moments inoubliables.

L’organisation de ces colos 2020 a nécessité une énergie décuplée. Un an plus tard, notre secteur est véritablement sinistré, les salariés sont dans l’attente de perspectives… et nous ne voulons pas revivre la même situation d’urgence en 2021.

Aussi, nous, organisateurs de colonies de vacances et nos soutiens, vous demandons :

Nos enfants pâtissent énormément de cette crise. Il y a urgence à faire appliquer leur droit aux vacances ! Mettons tout en œuvre pour que cette génération puisse s’aérer et s’évader ! Nous avons le devoir de participer à leur devenir en construisant les citoyens du futur.

Monsieur le Premier ministre, ouvrez les colonies de vacances pour cet été !

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