Juristourisme : Situation, enjeux et perspectives du financement du tourisme social

Le tourisme social et solidaire s’est historiquement développé grâce au soutien financier des pouvoirs publics, d’acteurs de l’économie sociale et solidaire (mutuelles, caisses de retraite) et des comités d’entreprise. Un soutien direct _ investissement dans de l’immobilier et des infrastructures ; subventions d’investissement, mises à disposition quasi gratuites de terrains et d’installations, etc. _ mais aussi indirect, ces mêmes acteurs faisant bénéficier leurs adhérents de subventions pour partir en vacances.

Les associations gestionnaires n’avaient donc pas besoin de beaucoup de capitaux pour fonctionner tout en respectant les valeurs propres à ce secteur : prix bas, solidarité, intégration dans les territoires, développement d’un tourisme durable, précurseur sur ce secteur du tourisme.

La libéralisation de l’économie, le changement de comportement des vacanciers et la nécessité de réaliser de nouveaux investissements ont remis en question cet écosystème. Les contraintes économiques ont poussé les propriétaires immobiliers à vendre leurs actifs ou à revaloriser leur loyer. Les financements publics ont quasiment disparu et les subventions des Comités d’entreprises, devenus CSE, et des autres acteurs de l’ESS ont diminué, à l’exception du chèque-vacances, et n’ont plus été réservées exclusivement au tourisme social.

Dans le même temps, le monde du tourisme s’est rapidement développé et transformé :  multiplication des résidences de tourisme qui ont su bénéficier de l’avantage fiscal de la « nouvelle propriété », renouvellement des campings avec le développement de mobil-homes et, plus récemment, explosion des offres sur le modèle d’Airbnb. Le prix s’est souvent imposé au détriment de la qualité du projet touristique des vacances.

La crise sanitaire et la nécessité de rembourser les PGE, ainsi que l’inflation sont venus s’ajouter à ces évolutions structurelles. Dans un tel contexte, comment rénover les installations, sans même parler d’en développer de nouvelles, comment faire face aux retards fréquents dans la digitalisation, aux contraintes du décret tertiaire, tout en maintenant des prix acceptables et en respectant les valeurs qui fondent le tourisme social ?

Le tourisme social ne peut retrouver un nouveau souffle qu’en défendant, plus que jamais, ses valeurs, en adéquation avec les tendances actuelles de la société (tourisme durable et responsable, ancrage et développement local) et son modèle de gestion désintéressée. Ce sont ces valeurs et ce modèle qui justifient un soutien particulier des pouvoirs publics : il n’y aura pas de politique sociale du tourisme sans opérateurs non lucratifs, qui ont besoin d’être accompagnés face à l’inflation, pour rénover leur patrimoine et investir dans leur développement. 

L’indispensable travail à mener pour améliorer la bonne gestion de ses structures a déjà été réalisé par de nombreux opérateurs.
Au-delà, il est indispensable de trouver des financements longs à des coûts minimum, que ce soient des emprunts ou des apports en capital. Coté emprunts, la Caisse des dépôts pourrait apporter des financements à très long terme, à l’image de ce qui existe dans le logement social. La durée de l’emprunt et son taux seraient d’autant plus favorables que le projet aurait une vocation plus sociale et un aspect écologique plus affirmé.

Coté capital, le fonds TSI fortement recapitalisé, renforcé au niveau de ses équipes et tourné vers toutes les structures du tourisme social, petites comme grandes, devrait pouvoir investir dans l’immobilier comme dans les structures de gestion du tourisme social. Ses attentes, en termes de rentabilité comme en horizon de temps, devraient être, elles aussi, d’autant plus favorables que la structure à financer aurait une plus forte vocation sociale et un impact écologique plus positif.  

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