En 2017, les PNR fêtent leurs 50 ans

À l’occasion de leur cinquantenaire, les parcs naturels régionaux de France, créés le 1er mars 1967 par un décret du général De Gaulle, espèrent administrer les preuves de leur valeur ajoutée. Abordé le 18 janvier au colloque de l’Académie d’agriculture consacré à leurs 50 ans d’expériences, ce thème suscite une étude scientifique attendue pour juillet prochain.

Doyen de la famille né en 1968 dans le bassin houiller du Nord-Pas-de-Calais, Scarpe Escaut a montré l’exemple du grand écart auquel s’exercent, jusqu’à ce jour, ses 50 petits frères : ouvrir des espaces de respiration accessibles à moins de deux heures des métropoles, et offrir des nouvelles perspectives de développement à des territoires en mutation. D’emblée, les élus locaux et l’Etat ont cherché à tenir leur « promesse de dépassement des contraires » énumérés par Guillaume Dhérissart, directeur de Sol et Civilisation : « Réconcilier ville et campagne, nature et culture, passé et avenir »…  

Pas de pensée unique ni de profil type : de 5 habitants au km2 dans le Queyras jusqu’à 380 en Scarpe-Escaut, de la plaine à la montagne, avec un pouvoir d’achat moyen situé sur une échelle un à trois, les 51 PNR, qui couvrent 15 % du territoire métropolitain, reflètent la diversité de la ruralité française. Mais ils s’en distinguent par la culture de la négociation entre les communes, les départements, les régions et l’Etat, liés par les chartes dont les thèmes ont évolué avec les enjeux sociétaux : « Toujours pionniers, toujours changeants », résume Pierre Weick, directeur de la fédération nationale des PNR. Epaulée par l’ingénierie pluridisciplinaire des 2200 agents, cette gouvernance, consolidée en 1993 par la loi Paysages, érige les parcs en modèle de démocratie locale, d’autant plus facilement que leur statut les affranchit des périmètres administratifs et des enjeux de pouvoir : « Ils accompagnent, ils stimulent, ils aident ; mais ils ne décident pas », rappelle Philippe Lacombe.

Rayonnement international

La croissance démographique, associée à la moindre artificialisation des sols, contribue à distinguer les PNR des autres territoires ruraux. L’essaimage du modèle écologique, économique et démocratique, d’abord en Europe francophone, puis dans un nombre croissant de pays d’Amérique latine et jusqu’en Chine, s’appuie sur les limites des réserves intégrales à l’américaine, qui ont dominé les politiques de préservation de la nature à partir de la fin du XIXème siècle : en contradiction avec l’objectif, l’exclusion des activités humaines transforme les paysages et les écosystèmes que ces dernières avaient contribué à façonner.

En France où 19 territoires frappent à sa porte, dont 11 en phase de délibération, la fédération nationale espère consolider sa démonstration, avec l’étude sur la plus-value de ses territoires, confiée à son Corp. Une équipe grenobloise, pilotée par des géographes, doit rendre ce travail en juillet prochain. Elle s’intéressera par exemple à la valeur du foncier, en comparant des échantillons situés de part et d’autre des frontières des parcs.

Inquiétudes

Malgré son bilan et son rayonnement international, le cadre réglementaire né de la récente réforme territoriale place la fédération en état d’alerte, après l’avortement du projet de parc naturel régional des sources et gorges du Haut-Allier : Laurent Wauquiez, nouveau président de la région Rhône-Alpes Auvergne, y a mis un terme, alors même que toutes les collectivités concernées, y compris l’ancienne région Auvergne, avaient délibéré en faveur de la charte. Aux incertitudes suscitées par les régions reformatées, premiers financeurs des parcs, s’ajoutent celles qui découlent des nouveaux périmètres intercommunaux : « L’échelle cantonale des anciennes intercommunalités en faisaient souvent des sous-ensembles des parcs. Les nouveaux périmètres distendent ce lien », remarque Pierre Weick.

Parmi d’autres facteurs d’inquiétude, le directeur de la fédération pointe « le risque de banalisation » : certains territoires peuvent se laisser attirer par le label, sans prouver dans la durée la réalité de leur engagement. Les liens avec la nouvelle Agence française de la biodiversité, qui a absorbé les parcs nationaux de France, font également partie des préoccupations des prochains mois. Parmi les points faibles, Philippe Lacombe souligne le caractère réducteur de l’évaluation officielle des parcs, sous le seul crible de l’écologie. « Que votre présence dans le débat soit à la mesure de vos réalisations », exhorte l’ancien directeur scientifique « sciences humaines et sociales » de l’Institut national de recherche agronomique. Nul n’est prophète en son pays…

Extrait de l’article « Les parcs naturels régionaux veulent prouver leur plus-value » de L.Miguet publié le 19/01/2017 sur LeMoniteur.fr

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