Classes de découvertes et ACM : cultiver leur complémentarité éducative
Un temps fort au Sénat pour réaffirmer l’urgence éducative
Depuis 14 ans, l’UNAT – Union nationale des associations de tourisme et de plein air réunit celles et ceux qui font vivre les classes de découvertes et les accueils collectifs de mineurs. Le premier temps de cette édition 2025, qui a réuni plus de 160 participantes et participants, a été organisée au Sénat en partenariat avec la Sénatrice Cecile Cukierman. Cette dernière a rappelé l’urgence de reconnaître pleinement ces temps collectifs dans les politiques publiques. Elle a insisté sur la nécessité d’accompagner les enfants pour structurer, dès aujourd’hui, les comportements touristiques des adultes de demain, tout en soulignant un frein persistant : la difficulté à aller vers l’autre et à percevoir cette rencontre comme une source d’enrichissement.
Mettre en perspective pratiques et politiques publiques
En ouverture, Michelle Demessine a réaffirmé la raison d’être du colloque : un espace où l’on met en perspective les pratiques, où l’on croise les regards et où l’on identifie ensemble des leviers d’action pour renforcer l’accès effectif de tous les enfants aux séjours collectifs. Elle a replacé cette édition dans un moment sensible, marqué par un contexte budgétaire alarmant pour l’éducation populaire et par l’annonce de la disparition brutale du dispositif Colos apprenantes, qui interroge notre capacité collective à garantir l’accès aux vacances et à la découverte pour les jeunes les plus éloignés.
Regards parlementaires sur les enjeux éducatifs et territoriaux
Le Président du Sénat M. Gérard Larcher a rappelé les enjeux éducatifs et territoriaux de ces séjours : « il sont l’affirmation d’une liberté pédagogique et une réponse aux défis de notre époque ».
Le Sénateur Laurent Lafon a insisté sur la nécessité d’aborder ces sujets « dans un esprit de concorde », tout en exprimant l’avis défavorable de la commission sur le PLF et l’inquiétude suscitée par la disparition des Colos apprenantes. Il a également précisé que la proposition de loi visant à relancer les classes de découvertes reste identifiée et suivie.
Emilie Kuchel, Présidente du réseau français des villes éducatrices et 3e Adjointe de la Ville de Brest chargée de la politique éducative locale a souligné combien les séjours collectifs contribuent à construire le vivre-ensemble, fondement même de la démocratie.
Table ronde 1 : apports éducatifs et freins persistants
La 1re table ronde, réunissant Jean-Philippe Gautrais, Florence Herouin Léautey et Jean Hubac, a mis en lumière les apports éducatifs irremplaçables des classes de découvertes ainsi que les freins persistants : obstacles culturels au départ, recul des PEDT et besoin d’une stratégie publique cohérente autour de l’enfance.
Table ronde 2 : un levier de vitalité pour les territoires
La seconde table ronde, animée par Laura Ferré avec Yasmine Boudjenah, Gilles Caire et Cédric Vial, a montré combien ces séjours constituent un levier de vitalité pour les territoires : soutien aux infrastructures locales, emplois non délocalisables, attractivité renforcée, mixité sociale.
Lors de la matinée du mardi 2 décembre, le colloque s’est poursuivi au Fiap-Paris Hébergement & Séminaires.
Une deuxième matinée dédiée aux complémentarités éducatives
La matinée a débuté par les propos introductifs de Lydia Thierus, qui a présenté l’Ovlej et ses travaux, puis d’Aurore PERRIN SAADA, qui a exposé le bilan chiffré et pédagogique du dispositif Ma classe en voyage porté par la Jeunesse au Plein Air.
Classes de découvertes et ACM : une convergence des pratiques
Ces interventions ont introduit la table ronde animée par Patrick Drouet et réunissant Lorraine KIHL, Catherine Le Tavernier (enseignante), Sébastien VILAPLANA et Julie Fontaine, qui a mis en évidence une convergence forte : les classes de découverte et les ACM ne sont pleinement éducatifs que lorsqu’ils reposent sur un travail coordonné entre équipes pédagogiques, collectivités et structures d’accueil.
Les échanges ont montré :
- l’importance d’équipes qualifiées et de centres maîtrisés pour garantir la continuité éducative ;
- l’impact durable des classes de découverte sur les apprentissages et les dynamiques de groupe, malgré des freins administratifs et financiers persistants ;
- la nécessité d’une organisation publique lisible et sécurisée pour accompagner les enseignants dans leurs projets ;
- l’effet structurant des politiques locales volontaristes sur l’accessibilité, la mixité sociale et le soutien aux structures territoriales.
Ateliers participatifs : analyser les conditions de la complémentarité
La matinée s’est poursuivie par des ateliers thématiques participatifs, consacrés à l’analyse des conditions qui favorisent la complémentarité éducative.
La perspective pédagogique de Philippe Meirieu
Philippe Meirieu a ensuite replacé ces enjeux dans un contexte plus large — difficultés de l’école, inégalités familiales, environnement numérique — pour rappeler la fonction éducative singulière des séjours collectifs.
Il a montré qu’ils offrent aux enfants :
- de découvrir ce qu’est un environnement secure : « prendre des risques sans se mettre en danger »
- des expériences concrètes et manuelles indispensables au développement ;
- des situations réelles d’entraide, de coopération et de responsabilité ;
- des lieux authentiques de formation à la citoyenneté.
Autant d’éléments qui justifient de considérer ces moments comme un droit pour chaque enfant.
Clôture : une voix collective pour défendre les séjours collectifs
En clôture, Cyril Gaffet, président de la Commission VEA de l’Unat, a rappelé l’importance de ce colloque : « c’est collectivement que l’on fait entendre nos voix ».
Merci aux intervenants et aux participants pour la qualité des analyses et des échanges qui ont permis de conclure ce colloque 2025 sur une vision partagée : les séjours collectifs sont indispensables et il faut cultiver leur complémentarité éducative !
Merci à la DJEPVA – Direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative pour son soutien.